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Piano Works - Florentine Mulsant

Dernière mise à jour : 19 août 2021

Septembre 2020

Florentine Mulsant : Passacaille op.29

Seven Fugitive Lights op.55

Amers op.4

7 Préludes op.70

6 Préludes op.77

11 Préludes op.78

8 Pieces op.6

Uno op.8

Blue Toccata op.66


Alexandra Matvieskaya, Lydia Jardon, Lorène de Ratuld

Enregistré en live lors du festival Musiciennes à Ouessant (2019), le coffret « Florentine Mulsant - Piano works » vise avant tout à prouver la richesse de l’écriture pianistique de la compositrice, en en dressant le bilan - des œuvres de jeunesse (Amers, 1984) à celles d’aujourd’hui (Préludes op. 78, composés en 2018). Pari tenu : on y relève bien sûr des références à la musique française, mais surtout un langage propre, expressif et efficace, dans lequel chaque note est riche de significations.


Curieuse ouverture que cette longue Passacaille, op. 29, qui fait dialoguer une succession d’accords dans le grave, évoquant un glas, avec des aigus perlés. Si l’on ne peut s’empêcher de songer à l’Ondine de Gaspard de la nuit dans la section centrale, l’écriture repose avant tout sur l’expectative permanente générée par les surprises de l’œuvre, comme ces enchaînements de longs silences et de cavalcades virtuoses sur l’ensemble du clavier – que l’espièglerie d’Alexandra Matvieskaya souligne.


Sous les doigts de Lydia Jardon, les Sept préludes, op. 70, se jouent de la même manière des codes du genre – vastes arpèges, motifs répétés parfois virtuoses, caractère relativement uniforme de chaque prélude – pour mettre en relief, là encore, des explosions de fougue et de brillance sous forme d’immenses accords plaqués et d’échappées vers l’aigu. Les Six préludes, op. 77, en sont le pendant plus méditatif, mais aussi plus obscur : plus question de virtuosité ici, les pianos se font plus extrêmes, les accords plus graves, les harmonies plus sombres – même dans le sixième prélude, le plus enflammé. La descente aux enfers semble se poursuivre avec les Onze préludes, op. 78 (interprétés cette fois par Alexandra Matvieskaya), qui évoluent encore davantage vers une succession d’accords sinistres et de gammes menaçantes (n°4), de plus en plus abstraits (enchaînements désincarnés des préludes n°3, n°7), voire de rythmes syncopés (n°6). La conclusion catégorique du dernier prélude laisse peu de place à l’espoir.


La lumière qui perçait par instants dans la Passacaille forme au contraire le canevas de Sept lumières fugitives, sept pièces qui jouent elles aussi sur les contrastes entre arpèges ou trilles dans un registre aigu lumineux et amples accords plus dramatiques assénés dans le grave. Si le jeu de Lorène de Ratuld manque parfois de relief (on apprécierait plus de mordant dans la troisième et la cinquième pièce), elle sait produire des aigus délicats, très intérieurs, qui font toute la saveur de cette oeuvre. Amers, op.4, inspirée par le recueil éponyme de Saint-John-Perse, est assurément plus incarnée : le jeu de Lydia Jardon se fait fougueux pour épouser la passion qui ressort des passages les plus expressifs. Des moments plus suspendus dans les aigus demeurent, mais ils ne font que souligner l’intensité des explosions d’accords qui jaillissent sporadiquement.


La concision des Huit pièces, op. 6 leur donne un caractère épuré, très précisément défini : aux accords plaqués du I s’opposent les trémolos du III, les rythmes répétitifs, progressivement décousus du VII. Un travail sur la forme qui, même s’il n’est pas dépourvu d’élégance, est moins séduisant que la personnalité marquée des deux pièces qui clôturent ce coffret : l’étrange mélancolie de Uno d’abord, dont les échappées vers l’aigu semblent invariablement échouer sur de tristes accords, et l’énergie réjouissante de Blue Toccata, op. 66 sont deux facettes complémentaires de l’œuvre protéiforme de Mulsant, dont ce coffret illustre les multiples potentialités.

Clara Leonardi




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